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Face aux violences des gangs, Haïti prolonge d’un mois l’état d’urgence
Face aux violences des gangs, Haïti prolonge d'un mois l'état d'urgence
Le gouvernement haïtien a prorogé d’un mois, ce jeudi 7 mars, l’état d’urgence sécuritaire décrété sur tout le département de l’ouest afin de reprendre le contrôle de la situation et rétablir l’ordre, selon un communiqué gouvernemental.
Rues barricadées, désertes, tirs par moment… Certaines banques et supermarchés n’ont ouvert leurs portes que pour quelques heures. Les écoles sont restées fermées. Dans la capitale haïtienne, il n’y a pas que les tirs qui inquiètent les résidents, mais aussi le manque d’eau, la rareté et le coût de certains produits sur le marché.
C’est dans ce contexte qu’intervient la prolongation de cet état d’urgence qui n’a pas empêché des bandes armées de poursuivre leurs exactions. Le gouvernement haïtien a prorogé d’un mois, du 7 mars au 3 avril 2024, l’état d’urgence sécuritaire décrété sur tout le département de l’ouest. Le couvre-feu est maintenu entre 18h et 5h, les jeudi 7, vendredi 8 et samedi 9 mars et de 20h à 5h du matin le dimanche 10 mars 2024. Cette mesure ne s’applique pas aux agents de la force publique en service, aux pompiers, aux ambulanciers, aux personnels de santé et aux journalistes, rapporte notre correspondante à Port-au-Prince, Marie-André Belange.
Pendant cette période, toutes les manifestations sur la voie publique sont interdites, de jour comme de nuit, dans le département de l’ouest. Les forces de l’ordre ont reçu l’ordre d’user de tous les moyens légaux à leur disposition pour faire respecter le couvre-feu et d’appréhender tous les contrevenants.
Malgré cet état d’urgence, des bandes armées poursuivent leurs exactions. Elles ont incendié, mercredi soir, un autre bâtiment de police situé dans le quartier de Bas-Peu-de-Chose, au cœur de la Port-au-Prince. Les activités fonctionnent toujours au ralenti dans la capitale haïtienne, rythmée depuis plus d’une semaine par la violence des gangs armés. Parmi les infrastructures stratégiques visées ces derniers jours figurent également des tribunaux et des commissariats de police.
Le port principal à l’arrêt
Le port de la capitale d’Haïti est à l’arrêt ce jeudi face à la recrudescence de la violence des gangs qui a contraint les autorités de ce pays pauvre des Caraïbes. La Caribbean Port Services S.A., l’opérateur du port de la capitale, a annoncé jeudi suspendre son activité en raison des « troubles à l’ordre public », citant des « actes malicieux de sabotage et de vandalisme » subis depuis le 1er mars.
Les bandes criminelles contrôlent la majeure partie de la capitale ainsi que les routes menant au reste du territoire. Elles s’en prennent depuis plusieurs jours aux sites stratégiques du pays en l’absence du Premier ministre contesté Ariel Henry, dont ils réclament la démission tout comme une partie de la population.
Un premier état d’urgence, assorti d’un couvre-feu – difficilement applicable – avaient déjà été déclarés dimanche après l’attaque de prisons par des bandes armées qui s’étaient soldées par l’évasion de milliers de détenus.
Antony Blinken appelle à une « réponse internationale »
Le chef de la diplomatie américaine s’est entretenu jeudi avec le Premier ministre haïtien Ariel Henry et a plaidé pour une transition politique « urgente », a déclaré un responsable américain, appelant à une « réponse internationale » à la crise que traverse Haïti.
Antony Blinken a parlé avec le chef du gouvernement haïtien du « besoin urgent d’accélérer la transition vers un gouvernement plus large et inclusif », a indiqué Brian Nichols, haut responsable du département d’État à la presse, ajoutant que la situation en Haïti appelait « une réponse internationale, de la même manière que la communauté internationale » en Ukraine ou à Gaza. Le pays, actuellement sans président ni Parlement, n’a connu aucune élection depuis 2016 et le Premier ministre contesté, nommé par le président Jovenel Moïse juste avant son assassinat en 2021, aurait dû quitter ses fonctions début février.
Le PAM « tire la sonnette d’alarme »
Fournir suffisamment d’aide à plus de cinq millions d’Haïtiens était déjà un défi quotidien pour l’ONU. Mais la crise sécuritaire a terriblement compliqué le travail des humanitaires. Jean-Martin Bauer qui dirige le Programme alimentaire mondial (PAM) en Haïti. Il n’a jamais été aussi inquiet. « Je voudrais tirer la sonnette d’alarme. La situation humanitaire était déjà très tendue avant les événements de ces derniers jours. Elle est aggravée parce que l’on ne peut plus mettre en place le programme comme avant. Il faut que tout cela s’arrête. Il faut que cette violence s’arrête. Il faut qu’on lève les barricades, qu’on arrête de prendre en otage la population civile. Nous sommes dans une situation très tendue et il faut une action maintenant », a-t-il déclaré.
L’arrivée des denrées alimentaires importées est menacée. Il est également impossible pour les avions de se poser à l’aéroport de la capitale. Le PAM a donc dû trouver d’autres solutions pour continuer à aider la population.
« On a besoin d’être très créatif. Nous travaillons avec des ONG locales pour apporter justement des plats chauds aux personnes qui ont été déplacées et qui ont tout perdu. Nous travaillons aussi avec un réseau décentralisé de petits producteurs agricoles haïtiens qui parviennent à approvisionner les écoles du pays », continue-t-il.
L’agence de l’ONU transfert aussi directement de l’argent aux bénéficiaires pour acheter de la nourriture. Ces alternatives ne suffiront pas à faire face à l’afflux de déplacés, les populations les plus vulnérables. Quinze mille personnes ont déjà fui Port-au-Prince en quelques jours.
Avec RFI