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MALI : la guerre de Kidal aura-t-elle lieu ?
La guerre entre l’État malien et les groupes armés signataires des accords d’Alger va-t-elle reprendre, alors que l’armée malienne progresse vers le nord ? Une hypothèse d’autant plus inquiétante, s’alarme “Le Pays”, que, de son côté, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à Al-Qaida, impose déjà son blocus à des villes du Nord malien. L’armée malienne a entamé, depuis le lundi 2 octobre 2023, un mouvement en direction de la région de Kidal, fief de la rébellion touareg, selon des sources sécuritaires. Ce mouvement de troupes vers le septentrion malien suscite des interrogations. La guerre de Kidal aura-t-elle lieu ? Jusqu’où ira le bras de fer entre Bamako et Kidal ? Va-t-on crever l’abcès entre protagonistes qui se regardent en chiens de faïence ? Autant de questions qui n’ont pas, pour l’instant, de réponses. Tout ce que l’on sait, c’est que les Fama [Forces armées maliennes] font mouvement vers Kidal. Ce qui pourrait mettre davantage en danger l’accord d’Alger et la réconciliation au Mali, signés à Alger en 2015, qui avaient pourtant suscité des espoirs de paix dans toute la sous-région ouest-africaine en général et au peuple malien en particulier [signé sous l’égide algérienne, entre le Mali et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), cet accord visait à mettre fin à la guerre du Mali, commencée en 2012, à la suite d’une insurrection de groupes salafistes djihadistes et indépendantistes pro-Azawad]. Mais ça, c’était avant. De 2015 à aujourd’hui, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Et les choses sont allées crescendo depuis un certain temps. Finalement, ce que certains redoutaient semble arriver ! La reprise des hostilités entre l’armée malienne et les rebelles touareg. Que compte faire Bamako en mettant en branle toute cette logistique en route vers Kidal ? Et qui est responsable de cette nouvelle dégradation de la situation ? Pas de force tampon Difficile d’y répondre, mais, selon certaines indiscrétions, l’armée malienne veut être dans les casernes autrefois occupées par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), qui est en train de plier progressivement bagage. Une chose impensable pour les trois entités réunies au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) [à savoir le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et une partie du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA)], qui accusent Bamako d’avoir violé l’accord de paix d’Alger. Si affrontements il y a, ce sont les populations civiles qui payeront un lourd tribut. Une population qui souffre déjà des affres de cette guerre depuis des décennies. Qui pis est, l’évolution de cette situation intervient dans un contexte où le JNIM [Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaida] annonce un blocus de certaines villes du pays. Encore plus grave, il n’existe plus de force tampon qui pourrait s’interposer pour éviter le pire. C’est pourquoi il est temps pour les frères ennemis maliens, qu’ils soient du Nord, du Sud, de l’Est ou de l’Ouest, de se parler pour trouver une solution durable à la malienne. Car, s’il y a guerre, ce ne sont ni les Algériens, ni les Français, ni les Burkinabè, ni les Nigériens et encore moins les Russes qui vont mourir, mais bien les Maliens.