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BAISSE DES FLUX AU PAD : Dakar perd-t-il son attractivité face à Abidjan ?

Le Sénégal traverse une mutation économique majeure marquée par un changement de paradigme fiscal. De la politique d’exonérations fiscales adoptée sous le Plan Sénégal Émergent (PSE) à une stratégie plus stricte dans le cadre de l’Agenda 2050, l’État affiche une volonté de mieux mobiliser les ressources internes. Cette nouvelle orientation soulève des interrogations, notamment sur l’impact de la pression fiscale sur les entreprises, les flux commerciaux et l’attractivité du Sénégal au sein de la sous-région.

Sous le PSE (2014-2023), le Sénégal a misé sur des incitations fiscales massives pour attirer les investisseurs étrangers. Les exonérations portaient notamment sur l’impôt sur les sociétés (IS), les droits de douane et les taxes sur la valeur ajoutée (TVA) pour les secteurs stratégiques (agriculture, énergie, infrastructures, etc.). Cette stratégie avait porté ses fruits.  

Le port de Dakar, véritable plaque tournante pour la sous-région, en est un exemple éloquent. Le trafic de conteneurs y avait atteint des niveaux records. Des pays enclavés comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger préféraient transiter par Dakar plutôt que par d’autres ports de la région, notamment grâce à une fiscalité plus avantageuse.  

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Avec l’Agenda 2050, le Sénégal a pris un virage stratégique. Le nouveau référentiel impose des mesures fiscales plus strictes et s’appuie sur la détection des niches fiscales jusque-là ignorées. L’objectif est de réduire la dépendance du pays à l’égard des financements extérieurs et d’accroître la contribution des entreprises nationales.  

Les entreprises sénégalaises font face à une augmentation des coûts fiscaux. Cette situation pèse sur leurs marges bénéficiaires, surtout dans un contexte de crise économique mondiale. Les acteurs du BTP, de l’import-export et de la logistique sont particulièrement affectés, avec des risques de faillites d’entreprises et de pertes d’emplois.  La fin des exonérations fiscales systématiques pourrait affecter l’attractivité du Sénégal. Là où le PSE offrait un environnement propice aux investissements directs étrangers (IDE), l’Agenda 2050 impose des conditions plus strictes. Cela pourrait dissuader certains investisseurs, au profit de pays concurrents comme la Côte d’Ivoire ou le Ghana, dont les politiques fiscales restent plus souples.  

La question centrale est de savoir si cette pression fiscale sera supportable à long terme. La montée des tensions avec les acteurs économiques, notamment les opérateurs de la logistique et les investisseurs, pourrait freiner la dynamique de l’Agenda 2050. Un compromis doit être trouvé entre pression fiscale et compétitivité économique.

Cherif Mamina DIEDHIOU

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